Choisissant d’occuper un espace qui servait de réserve dans la Galleria di Modena en 1970, Claudio Parmiggiani découvre sur les murs les traces de la poussière accumulée au fil des ans. L’artiste décide de faire un feu avec des pneus et des couvertures. Une fumée claire et grise se dépose sur les objets qu’il retire ensuite. L’ombre devient alors une forme plastique, un motif de poussière qui fixe de l’intérieur l’oscillation du temps.
La représentation se rapproche également de la méthode photographique qui prend l’image, l’inverse, créer un négatif avant de le développer. Ses Delocazioni – c’est le nom donné à ces œuvres – sont un espace vide de perceptions physiques, où pourtant le spectateur a la sensation d’entrer dans un lieu habité. L’absence d’objets précédemment exposés rend les murs encore plus clairs ; il n’y a rien d’autre que leur trace de suie à voir. Parmiggiani créera une installation in situ pour cette exposition.
Né à Luzzara en 1943, Claudio Parmiggiani se forme à l’Institut des Beaux-Arts de Modène. Très jeune, il fréquente Giorgio Morandi, dont l’influence est plus éthique que stylistique, et commence à utiliser des moulages en plâtre peint pour ses œuvres, que l’artiste définit comme des « peintures sculptées ». Sa première véritable exposition a lieu en 1965 à la librairie Feltrinelli de Bologne : c’est l’époque du Gruppo 63 et des poètes réunis autour du « il verri » de Luciano Anceschi, dont Parmiggiani sera très proche. Au fil des années, il publie de nombreux ouvrages.
De nombreuses idées ont caractérisé ses recherches de manière tout à fait originale et pionnière depuis le milieu des années soixante. Un esprit radicalement iconoclaste sous-tend tout son travail. Les premières Delocazioni datent de 1970, des œuvres d’ombres et d’empreintes réalisées avec le feu, de la poussière et de la fumée, représentant une réflexion radicale sur le thème de l’absence et de la trace, qu’il développera plus tard pour devenir le pilier de toute son travail. Ces œuvres prendront un caractère à fort impact visuel et émotionnel, on se souvient des créations théâtrales pour le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Genève (1995), le Centre Pompidou de Paris (1997), la Promotrice delle Belle Arti de Turin (1988), le Tel Aviv Museum of Art (2003) et le Collège des Bernardins à Paris (2008).
Depuis le début des années 1980, il réalise une série d’importants projets muséaux, dont Terra (1988), une sphère sur laquelle sont imprimées les empreintes de la main de l’artiste enterrée dans le cloître du musée des Beaux-Arts de Lyon, lieu de dialogue avec l’absence de l’œuvre et l’expression de sa nature spirituelle, même invisible, et les expositions à l’Institut Mathildenhöhe de Darmstadt (1992); à la Galerie hlavního města à Prague (1993). Dans les années 2000, ses expositions à Cuba (2006), Moscou (2017) et Nashville (2019) ont été importantes.
Il a présenté ses œuvres dans de nombreuses autres institutions internationales prestigieuses, tant publiques que privées. Parmi ses interventions permanentes, Il Faro d’Islanda (Le phare d’Islande) (2000), Ex-voto au Musée du Louvre (2007), Porta Speciosa pour le Sacré Ermitage de Camaldoli (2013) et l’œuvre à la Chambre d’Amori de la Villa Médicis à Rome (2015).