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Pour la rentrée de 2023, Tornabuoni Art Paris a le plaisir de présenter, à partir du 12 janvier, La nouvelle conception artistique 1960. Il s’agit d’un hommage à l’exposition historique qu’en 1960 a rassemblé pour la première fois un groupe d’artistes dont la production est particulièrement emblématique des changements qui ont marqué l’art italien après la Seconde Guerre mondiale.
Du 9 au 20 avril 1960 à Padoue, le Circolo Il Pozzetto présente l’exposition La nuova concezione artistica (La nouvelle conception artistique) qui avait été montrée auparavant à Milan à la Galerie Azi- mut. Exposant des œuvres d’Alberto Biasi, Enrico Castellani, Heinz Mack, Piero Manzoni et Manfredo Massironi, cette exposition donnait un aperçu des transformations en cours dans le panorama de l’art italien et européen de l’après-guerre. Bien que brève, l’exposition a été l’occasion d’exposer des théories et des idées qui étaient au cœur des mouvements artistiques de cette période, en dehors des pôles artistiques classiques de Rome, Turin et plus particulièrement Milan.
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Observer la scène artistique milanaise des années 1960, c’est assister à un paysage effervescent. L’œuvre pionnière de Lucio Fontana, dont le Concetto Spaziale. Attese rompt complètement avec les idées traditionnelles de la peinture et de la sculpture, propulsant un renouvellement de la conception des arts. Des éléments tels que l’absence, le vide et le monochrome habitent la production de Manzoni et Castellani.
Ces idées trouvent un écho dans les travaux et les recherches d’artistes travaillant dans des villes plus petites comme Padoue (Biasi, Massironi) et sont mieux expliquées par le texte écrit à l’occasion de l’ouverture de La nuova concezione artistica par Alberto Biasi, Manfredo Massironi et Ettore Lucchini qui était responsable de Il Pozzetto:
La ‘’Nouvelle conception artistique’’ est essentiellement une recherche. Elle se situe au-delà de toute tendance préexistante : elle naît de la structure multiforme de la vie.
La ‘‘Nouvelle conception artistique’’ vient du dépassement de l’art pour l’art et de l’art par l’art parce qu’elle dépasse l’individualisme expérimental.
La ‘’Nouvelle conception artistique’’ rejette le déterminisme et l’indéterminisme causal pour une re- cherche de la vérité, qui résulte d’une adhésion collective toujours plus grande.
La ‘‘Nouvelle conception artistique’’ abandonne l’espace limité des deux dimensions pour un espace plus vaste dont la lumière est l’élément déterminant.
La ‘‘Nouvelle conception artistique’’ dépasse l’esthétique traditionnelle pour prôner une éthique de la vie collective.
L’exposition à Tornabuoni Art Paris est l’occasion d’approfondir ce chapitre de l’art italien d’après-guerre à travers des œuvres majeures des années 1960 ainsi que des pièces plus récentes de ces artistes emblématiques. Les œuvres présentées dans l’exposition constituent des réponses différentes aux mêmes questions qui sous-tendent la production de ces artistes et que Piero Manzoni a ouvertement posées en 1961 :
« Pourquoi ne pas, au contraire, libérer cette surface ? Pourquoi ne pas essayer de comprendre que l’his- toire de l’art n’est pas une histoire de ‘‘peintres’’ mais de découvertes et d’innovateurs ? Faire allusion, exprimer, représenter, abstraire : ces problèmes n’existent plus. La forme, la couleur, les dimensions n’ont plus de sens : le seul problème de l’artiste est celui de la conquête de la liberté la plus totale : les barrières sont un défi, les physiques pour le scientifique comme les mentales pour l’artiste.»
La libération de la surface ainsi que la relation entre matière et lumière est au premier plan des œuvres exposées. À Milan, les œuvres de Piero Manzoni datant de la fin des années 1950, telles que Achrome (1958-59), présentent sur leurs surfaces texturées des matériaux non conventionnels tels que le goudron ou le kaolin, grâce auxquels l’artiste remet en question les techniques essentielles à la peinture. Élève de Lucio Fontana, Enrico Castellani crée des effets de clair-obscur qui soulignent son désir d’aller au-delà de l’essence bidimensionnelle des toiles avec ses Superfici tels que Superficie Blu (1961) par l’application rythmique de clous sous les toiles monochromes. Les artistes de Padoue ont abordé la surface avec un intérêt pour les effets optiques. Cela est particulièrement visible dans le cas de Alberto Biasi avec son Oggetto ottico-dinamico (1961), un exemple remarquable d’oeuvre qui rompt avec l’idée classique de ce que peut être une surface picturale. La structure même de l’oeuvre devient un outil pour rechercher vibrations optiques et dynamisme. Les oeuvres de Manfredo Massironi telles que Struttura Trasparente (1961) font écho à ces mêmes thèmes par des gestes similaires. Une surface bidimensionnelle qui n’a pourtant rien d’un tableau traditionnel où la toile même n’existe pas.
La présence de Heinz Mack permet à cette exposition à Padoue d’ouvrir la ville provinciale au panorama artistique européen et notamment aux theories du groupe ZERO dont Mack est le fondateur avec Otto Piene, puis Günther Uecker qui les rejoint en 1962. Mettant en avant la géométrie variable, Mack cherche un renouveau cinétique de l’abstraction à travers la lumière et l’ombre. L’œuvre de l’artiste allemand de cette période nous renvoit à des thèmes et à des questions parallèles à celles de ses interlocuteurs italiens. On retrouve ceci dans des surfaces telles que Erzengel Michael und Gabriel (1972).
sélection d’œuvres
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